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26 Aug
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Aristide Cavaillé-Coll naît à Montpellier, dans le département de l'Hérault, le , après son frère Vincent, né le . Tous deux constituent la quatrième génération de facteurs d'orgues : ils apprennent très tôt le métier auprès de leur père Dominique-Hyacinthe, alors revenu s'établir à Toulouse, lui-même formé par son père Jean-Pierre Cavaillé, ce dernier ayant tout appris de son oncle Joseph Cavaillé, frère dominicain du couvent de Toulouse (formé par le chef de file de la « facture classique » pour le Sud-Est de la France : Jean-Esprit Isnard).



En 1830, Aristide, qui poursuit des études de mathématiques, invente, en collaboration avec son frère et son père, un instrument à clavier et à anches libres baptisé poïkilorgue ou orgue varié expressif, remarqué par Gioachino Rossini lors de la représentation de l'opéra de Giacomo Meyerbeer Robert le Diable qu'il dirigeait à Toulouse. 

Poïkolorgue Cavaillé-Coll


En 1833, la famille s'installe à Paris1. Après diverses adresses et expropriations, il finit par installer ses ateliers 13 avenue du Maine. Aristide se fait connaître en remportant le concours ouvert pour la construction d'un grand orgue à l'abbaye royale de Saint-Denis1,2, avec l'appui de François-Adrien Boieldieu, Luigi Cherubini et Jean-François Lesueur, membres de la commission. Cet instrument colossal comporte, en germe, tout le génie du jeune facteur : emploi d'une machine Barker afin de soulager le jeu de l'organiste, jeux harmoniques, récit expressif, pressions multiples, plans sonores pensés non plus en opposition mais par masses venant composer un tutti puissant. Cet orgue novateur, terminé en 1841, marque le point de départ d'une importante carrière. 

Avec l'aide de son père et de son frère, il construit par la suite les orgues de nombreuses églises à Paris comme en province. Après Saint-Denis, les plus prestigieuses paroisses de la capitale, pour lesquelles il réalise ou modifie les instruments, font appel à son talent. Il réalise également de nombreux orgues à l'étranger. Sa production avoisine les cinq cents instruments, toutes tailles confondues. Les orgues sortis de ses établissements se trouvent dispersés à travers le monde : cinquante-cinq à Paris, trois cents dans diverses cathédrales ou églises de France ; le reste se trouve dans différents pays européens : Angleterre, Belgique, Danemark, Espagne, Pays-Bas, Italie, Portugal, Roumanie, Suisse, ou d'autres continents : Amérique du Nord, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Haïti, Mexique, Pérou, Chine, Indochine, Inde...

À partir de 1868, les difficultés de tous ordres s'accumulent. Sa femme meurt le 30 octobre 1868. La guerre de 1870 aggrave les difficultés : les commandes ne peuvent être honorées du fait de la mobilisation aux armées du personnel et du siège de Paris, l'entreprise est momentanément fermée. Aristide Cavaillé-Coll doit emprunter, pour garantir la survie de son entreprise, la Manufacture d'orgues avenue du Maine est hypothéquée en garantie. En 1892, la liquidation judiciaire menace mais tous les fidèles compagnons groupés autour du « Patron » obtiennent un arrangement. Aristide Cavaillé-Coll cède son entreprise à Charles Mutin, ancien de la maison installé à Caen, le .Atteint d’une cécité galopante, Aristide Cavaillé-Coll meurt l'année suivante, le (à 88 ans) à Paris1. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse. Son fils Emmanuel Cavaillé-Coll (1860-1922) est un artiste décorateur. La petite histoire attribue à Aristide Cavaillé-Coll l'invention de la scie circulaire, qu'il n'a fait cependant qu'améliorer3


Lors de ses obsèques, son successeur, Charles Mutin dit de lui :

« Le Patron... ce nom, en désignant M. Cavaillé-Coll, n'avait rien de l’appellation familière que des employés donnent au chef d’une maison ; il voulait dire quelque chose de plus, de plus affectueux aussi. Cavaillé-Coll fut le chef et le protecteur de la facture d’orgues tout entière ; lui seul, et pas d'autres, éleva son métier à la hauteur d’une science et d'un art, et grâce à son génie l'orgue est devenu l'instrument merveilleux que nous possédons aujourd'hui. »

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